Allemagne : ouverture d’un débat sur la durée de travail des parents

Posté le 24 Fév 2014

La nouvelle ministre de la famille allemande, Manuela Schwesig, propose que le temps de travail des parents de jeunes enfants soit réduit à 32 heures par semaine, afin de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale, dans un entretien au quotidien économique Handelsblatt vendredi.

La ministre, qui vient d’entrer dans le nouveau gouvernement de coalition d’Angela Merkel, affirme vouloir« faire progresser la compatibilité du travail avec la famille pour les deux parents », alors qu’en Allemagne beaucoup de femmes n’ont pas d’enfants pour continuer à travailler ou renoncent à travailler dès qu’elles deviennent mères.

Le manque à gagner pour les entreprises« pourrait être compensé en partie par la fiscalité » a ajouté la ministre, dans une autre interview à Bild. Le journal populaire cite une étude de l’institut économique DIW chiffrant à 140 millions d’euros le surcoût d’une telle mesure pour le budget de l’Etat.

CHANGER LA CULTURE DU TRAVAIL

Le député conservateur Michael Fuchs a jugé, dans Bild, une telle mesure non finançable, tandis que la fédération allemande des chambres de commerce et d’indusrie a estimé dans le journal régional Passauer Neuen Presse que les aménagements de temps de travail « devaient être trouvés au sein des entreprises » et non par une législation. Joachim Pfeiffer, porte-parole de la CDU pour l’économie, juge que le fait de contraindre les entreprises à payer à plein temps des salariés effectuant un temps partiel serait une « attaque contre la compétitivité de l’économie allemande ».

« L’économie doit devenir plus flexible et offrir de bonnes chances de carrière aussi aux parents qui réduisent leur temps de travail pour leur famille », insiste Manuela Schwesig, appelant de ses vœux « une culture du travail dans laquelle les pères qui décident de passer plus de temps avec leur famille ne fassent pas sourire ou ne soient pas regardés de travers ».

Deux hauts responsables sociaux-démocrates allemands ont récemment mis en avant leur volonté de davantage s’occuper de leurs enfants pour expliquer des choix professionnels. Le vice-chancelier et donc numéro deux du gouvernement, Sigmar Gabriel, a ainsi décidé de réserver son mercredi après-midi à sa fille. Quant à Jörg Asmussen, il a mis en avant des raisons familiales dans son choix de quitter son poste au directoire de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort, pour devenir secrétaire d’Etat dans le nouveau gouvernement et voir de nouveau quotidiennement ses deux jeunes enfants qui vivent à Berlin.