Les entreprises françaises et allemandes veulent coopérer davantage
Quelques mois après le vote britannique sur le Brexit et avant des élections décisives dans leurs pays, les sociétés françaises et allemandes veulent resserrer les liens. « Si on veut développer l’attelage franco-allemand, il faut développer des coopérations », a déclaré Pierre Gattaz, président du Medef, lors du French German Business Forum organisé par « Les Echos » et « Handelsblatt ». « On a besoin des champions européens », a ajouté Bruno Lafont, co-président du cimentier LafargeHolcim.
Un appel qui intervient la veille d’une rencontre entre François Hollande, Angela Merkel et Jean-Claude Juncker à Berlin avec les patrons industriels européens de l’European Round Table (ERT). Au menu de la discussion à Berlin, la numérisation de l’économie, une étape indispensable à la survie de l’industrie européenne. « Il y aura un échange très concret sur ce que l’Europe peut faire pour équiper les entreprises, à charge pour elles de réaliser des coopérations entre elles », souligne-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat.
Les débats porteront aussi sur l’actualité du moment. « A titre personnel, je pense que le Brexit rebat complètement les cartes, a déclaré à Paris Matthias Fekl, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. Il faut en déduire une nouvelle Europe, une Europe intégrée à quelques-uns. A 28 ça ne marche plus. » Pour le ministre, qui a lui-même les deux nationalités, il faut que les liens se tissent. « Je crains que ni dans un pays ni dans l’autre le réflexe franco-allemand soit le premier. »
Front uni face au Brexit
Malgré des échanges de 170 milliards d’euros, la France a cédé l’année dernière aux Etats-Unis son statut de premier partenaire économique de l’Allemagne. Des coopérations existent, comme entre Leclerc et Rewe dans la distribution, Renault et Daimler dans l’automobile ou Atos et Siemens dans l’informatique. Récemment, toutefois, ce dernier a échoué dans son achat d’Alstom. « Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas », a reconnu Gerhard Cromme, son président du conseil.
Un an après la création de la co-entreprise entre les deux constructeurs de chars Nexter et Krauss Maffei Wegmann, Paris et Berlin veulent accroître leur coopération sur fonds de budgets restreints et de menaces croissantes sur la sécurité. « Le successeur du Rafale et de l’Eurofighter doit être un avion de chasse européen », a déclaré Caroline Laurent, directrice de la stratégie à la Direction générale de l’armement (DGA). Mais la France ne veut pas abandonner pour autant sa souveraineté, a-t-elle dit (voir ci-dessous).
Au niveau politique, la volonté de coopération franco-allemande est là. Lors d’un dîner avec des dirigeants économiques des deux pays, les deux ministres des Finances Wolfgang Schäuble et Michel Sapin ont affiché leur détermination à négocier main dans la main face à Londres les conditions de sorties de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Les deux refusent que le Royaume-Uni saucissonne les sujets pour diviser les Européens. Pas question, par exemple, de parler automobile seul avec Berlin et agro-alimentaire seul avec Paris. Les deux capitales réclament le retour au sein de la zone euro de la compensation des transactions en euros, qui sont basées à Londres.
Source : Les Echos